LES SUCCULENTES MEXICAINES

DE TEHUACAN A OAXACA

Tôt le matin nous partons en direction d’Orizaba, situé au nord-est de la vallée de Tehuacan, avec sur l’horizon le magnifique volcan ORIZABA, couvert de neige. Malheureusement, les nuages venus de l’Atlantique, vont assombrir la paysage et nous apporter une fraîcheur humide.
En quittant Tehuacan, la végétation est similaire à celle rencontrée sur la Mesa de san Lorenzo mais après 20 à 25 km nous arrivons dans une zone de transition, qui permet graduellement de passer dans le climat tropical humide (état de Veracruz). De nouvelles espèces apparaissent vers Acultzingo et Canada Morelos grâce au climat sub-aride : Ferocactus haematacanthus, Mammillaria collina, esperanzaensis, Sedum stählii, Echeveria nodulosa coccinea, Dasylirion acrostichum, ainsi que le rare Mammillaria napina qui émerge à peine des touffes herbeuses.
Le lendemain nous prenons la direction de la ville d’OAXACA située au sud-ouest de Tehuacan . Nous longeons le Cerro Colorado couvert de nombreuses espèces de cactus colonnaires : Neobuxbaumia tetetzo, Stenocereus pruinosus, stellatus Myrtillocactus geometrizans, Polaskia chichipe, chende et Escontria chiotilla .
Un peu plus au sud, juste avant la ville de Calipan, de magnifiques collines (en forme de pain de sucre) sont couvertes d’une végétation quasi impénétrable, de laquelle émerge de nombreux cactus colonnaires ou domine le spectaculaire Neobuxbaumia tetetzo. Nous trouvons aussi Agave macroacantha, Mammilliaria carnea, elegans, des Opuntia, dont Opuntia pilifera et decumbens aini que des touffes d’Hechtia sp- où dominent les couleurs jaune et rouge – de 2 à 3m de diamètre.
Au delà de Calipan dans un bush plus ou moins dense apparaissent de nouvelles espèces dont la Pachycereus weberi, plante monumentale en forme de chandelier géant d’au moins 10m de hauteur, avec un tronc massif de 2m duquel partent de nombreuses branches ascendantes de couleur bleu-vert, qui portent à leur sommet, de grandes fleurs blanches de 10cm de longueur, à floraison nocturne. L’Escontria chiotilla est aussi une espèce arborescente d’environ 7m de hauteur, avec un tronc très court et de nombreuses branches ascendantes d’un vert brillant. L’ovaire de la fleur et le fruit comestible ont la particularité d’être recouverts d’écailles papyracées. Parmi les espèces globulaires on rencontre fréquemment : Ferocactus recurvus, Coryphantha calipensis et Mammillaria carnea dont la spination est très variable, des épines courtes ou longues suivant les individus.
Près de TILAPA, à San Rafael sur des falaises gypseuses, après une escalade qui se révèles périlleuse pour certains, nous découvrons le splendide Mammilaria crucigera, plante cespiteuse à épines radiales soyeuses et à petites fleurs rouges.
A Teotitlan, nous prenons la direction de Huautla de J. ville située dans la montagne. Dès que nous pénétrons dans la forêt de chênes nous commençons à apercevoir Mammillaria flavicentra qui pousse toujours sous une ombre légère ; plante solitaire, colonnaire jusqu’à 18 cm de longueur, avec de nombreuses épines radiales blanches. Les fleurs rouges sont petites.
A Los Cues, sous une chaleur accablante , dans un profond vallon nous pouvons observer de nombreux Opuntia , Oputia macdougalliana, decumbens ainsi que des cactus colonnaires. Il nous faut escalader les falaises marneuses pour découvrir sur un escarpement le magnifique Mammillaria dixanthocentron dont la plupart des individus ne peuvent être approchés. La plante est solitaire, colonnaire jusqu’à 20 cm de hauteur, avec de grandes épines centrales jaunes. Dans le même site pousse une autre espèce de Mammillaria, probablement Mammillaria supertexta avec des épines centrales blanches, très courtes.
Plus au sud, en direction de Cuicatlan, nous remarquons des pieds de Mammillaria dixanthocentron à épines centrales brunes , de merveilleuses plantes, en quantités abondantes le long de la route, ainsi qu’une espèce capiteuse, Mammillaria polyedra.
A Cuicatlan, nous gravissons les falaises de grès rouge, à la recherche d’un nouveau Mammillaria qui pousse dans le secteur. Après quelques dizaines de minutes de recherches, d’efforts pour gravir les pentes raides, nous découvrons le merveilleux mammillaria huitzilopochtli, une forme sans épine centrale, une épine noire et dressée qui pousse à l’ombre des arbustes.
Mais le temps passe vite, nous sommes encore loin d’Oaxaca, le terme de notre étape et nous devons repartir d’autant que nous devons gravir des montagnes. Au delà de 2000m d’altitude, dans la forêt claire de chênes nous découvrons des merveilles, le Ferocactus macrodiscus, en pleine floraison, à moitié enfoui dans le sol ainsi qu’un mammillaria. Mais le plus merveilleux des spectacles nous attend, deux chênes dont les charpentières sont couvertes de plantes épiphytes, Orchidées, Tillandsias mais surtout d’incomparables pieds d’Aporocactus conzatii (Disocactus martianus) de plus de 2,50m de longueur, abondamment ramifiés et couverts de fleurs rouges, tubulaires, avec des pétales évasés. Mais le soleil se couche à l’horizon, nous repartons vers les voitures et nous découvrons sur le bas côté de la route, à quelques cm de la roue arrière de la voiture un joli pied de Ferocactus macrodiscus que nous avons failli écraser. Nous arrivons enfin à Oaxaca et la nuit est déjà tombée.
Un partie de la journée du lendemain est réservée à la visite de site précolombiens, Monte Alban ; Mitla et Yagul. En bordure du site de Yagul nous trouvons dans le mattoral, fourré épineux, plusieurs espèces de Cactus et des Bursera. Parmi les cactus colonnaires nous rencontrons : Myrtillocactus schenckii, plante ramifiée atteignant 5m de hauteur, à tiges ascendantes d’un vert franc. Les fleurs d’un blanc cassé sont comparables à celle de M.geometrizans. Autour du site pousse aussi un Polaskia et probablement Stenocereus pruinosus.Sous les épineux, poussent en grand nombre des Mammilaria karwinskiana dont la spination varie beaucoup, certains ont de épines centrales très courtes d’autre d’au moins 25mm de longueur. Ils forment des touffes jusqu’à 50cm de diamètre.
Près de Mitla, nous pouvons observer Ferocactus recurvus var spiralis, Mammillaria karwinskiana var nejapensis, un Coryphantha sp probablement elephantidens ainsi que de nombreux Opuntias.
Le lendemain nous partons vers le sud-ouest en direction de Puerto Escondido, lorsque nous atteignons les montagnes nous voyons des cactus colonnaires, des Agaves, des Yuccas, Nolina longifolia et plusieurs espèces de Mammillaria : Mamillaria haageana ssp haagena et ssp conspicua, Mammillaria albilanata ssp oaxacana. Cette dernière espèce pousse sur sol calcaire dans des anfractuosités contenant de l’humus noir, et même en épiphyte sur les chênes, formant des plantes solitaires jusqu’à 15cm de hauteur.
Nous remontons ensuite vers Mexico en traversant la Sierra Madre Occidentale, la route s’élève jusqu’à plus de 2000m. Dans la forêt de chênes, qui sont couverts de Tillandsias nous trouvons quelques espèces intéressantes :Ferocactus recurvus de petite taille, de nombreux Ferocactus macrodiscus, Mammillaria haageana et Mammillaria discolor.
Vers Yanhuitlan, nous trouvons un nouveau Coryphantha ,probablement C. pycnacantha puis à Las Pilas sur une colline derrière une ferme pousse Mammillaria kraehenbuehlii en compagnie de Mammillaria haageana et d’un Coryphatha sp.. Mammillaria kraehenbuehlii forme de petites touffes d’environ 10cm de diamètre et constituées de nombreuses petites tiges érigées.
Peu après Tamazulapan , le relief est davantage tourmenté et les succulentes plus nombreuses, mais hélas le milieu bien dégradé depuis une dizaine d’année en raison du surpâturage, néanmoins on trouve encore de nombreuses espèces : Myrtillocactus geometrizans, Stenocereus stellatus, Escontria chiotilla, Bursera sp., Fouquieria formosa, Pittocoulon praecox, arbuste de 2 à 4 m de hauteur, de la famille des Asteraceae en pleine floraison à cette époque, de magnifiques capitules jaunes. On trouve aussi Ferocactus recurvus, Hechtia spp, Mammillaria haageana. A Chila le long d’une carrière qui heureusement n’est plus en exploitation - dans un mattoral clair, d’arbustes de 2m à 2,50m au maximum se développent de nouvelles espèces :Coryphantha retusa, Mammillaria haageana et surtout Mammillaria solisioides, une petite merveille globulaire d’à peine 4 cm de diamètre, aux épines blanches et pectinées qui poussent sur quelques m2 seulement.
Juste après Petlalcingo, la végétation devient dense, un véritable bush épineux dans lequel pousse des merveilles : le rare Fouquieria purpusii arbuste épineux de 3 à 5 m de hauteur, couvert de fleurs rouge corail en ce mois de février, des Bursera tels que Bursera morelensis et Bursera cinerea, Mammillaria haagena et Stenocereus beneckei, un petit cierge de 1 à 2 m , à tiges ascendantes et retombantes, à épiderme gris-vert lavé de blanc.
A l’approche du Puerto del Gato, nous pouvons observer dans les vallons chauds, un magnifique cierge de 6 à 10m de hauteur, le Pachycereus grandis, à rameaux érigés, portant de gros fruits épineux, jaune, dans leur partie supérieure. Les pentes des montagnes au Puerto del Gato sont couvertes de Pachycereus weberi de taille imposante, un véritable spectacle pour des cactophiles.
A proximité de Cuautla se dressent les Penon de Amayuca (montagnes en pain de sucre) où se développent une flore préservée de l’agriculture qui s’étend beaucoup dans cette région. Il y a 12 ans l’accès était libre mais aujourd’hui le site est occupé par une sorte d’écomusée, zone récréative où viennent les scolaires, et il faut demander l’autorisation pour pénétrer. Au fur et à mesure que nous avançons, je constate aussi que le site est surpâturé par les bovins et je crains le pire pour la flore. Effectivement, toutes les plantes situées dans la zone facilement accessible ont disparu et il faut regarder sur les pentes abruptes pour observer Selaginella lepidophylla et surtout Mammillaria magnifica qui forme des touffes de 4 à 10 tiges, de 40 cm de hauteur et davantage. Il faut maintenant faire beaucoup d’acrobaties pour photographier ces merveilleuses plantes.
Le Mexique interdit la collecte et l’exportation de toutes les plantes succulentes, de boutures et même de graines , mais n’est pas capable de préserver l’intégrité de sites uniques où prospère une flore incomparable.
Dans le prochain numéro, nous partirons dans l’état de Hidalgo, dans la Sierra de Pachuca et à la découverte de la Barranca de Los Venados, couverte de cactus et de plantes succulentes.

Norbert REBMANN.

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