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Ceropegia de mon coeur

 

Bizarre ! … J’ai dit « Bizarre » ? Comme c’est étrange !

Commencer ainsi pour traiter des Ceropegias peut paraître … bizarre … Et pourtant, je souhaite montrer que cela est tout à fait approprié. Je ne suis d’ailleurs pas le seul : en tête d’un article intitulé « Intriguing Ceropegia » de la défunte revue CACTUS FILE (n° de mai 1995), on peut lire : … « these beautiful and yet bizzarely flowered plants »… ces belles plantes aux fleurs si bizarres. J’ajouterai : si diverses … J’aimerais aussi montrer à quel point il est dommage qu’à part une ou deux espèces elles soient si mal connues.

UN DEBUT DANS MA SERRE

Je me souviens qu’un jour j’y ai découvert une sorte de chandelier à sept branches qui se serait évadé d’on ne sait quelle synagogue … Kekcékça ? Doukcétivnu ?… Ca ressemblait en plus rigide à Senecio anteuphorbium, vous savez cette espèce de grosse ficelle verte, avec ou sans feuilles, ou encore à Senecio articulatus, sauf que ses articulations étaient bien moins marquées et que ça n’avait pas les ravissantes feuilles mauves découpées de Senecio articulatus. Et un jour, elle a décidé de faire des fleurs couleur chocolat, ma judische chandelle, sans avoir auparavant condescendu à donner naissance à quelques feuilles, comme toute plante bien née se le doit. Ces feuilles sont venues ensuite, rares et timides ; la chandelle s’est alors muée en cierge, grandissant jusqu’à avoisiner le mètre et augmentant le nombre de ses branches, tout autant érigées que les premières. J’ai alors appris, grâce à quelques livres, que cela s’appelait Ceropegia fusca, et que cela venait des Canaries.

En grec ancien « ceros » = la cire et « pege » la fontaine, la cascade. C’est sans doute l’aspect de ces tuyaux cireux qui a donné l’idée de cette racine «Cero- » ; pour la cascade, j’en reparlerai plus loin. Quant à « fusca », c’est le féminin de l’adjectif « fuscus » qui signifie « brun sombre » en latin. Et là, ce sont les fleurs dont la couleur a suggéré l’adjectif.

A la même époque, j’ai également fait la connaissance d’une liane filiforme à caudex qui s’appelle Ceropegia woodii et vient d’Afrique du Sud. Misley Wood à qui cette plante fut dédiée, fut le fondateur et le directeur d’un institut botanique à Durban, capitale du Natal. Du caudex de Ceropegia woodii partent plusieurs filaments de moins d’un millimètre de diamètre et qui s’étirent en pleurant. Voilà « pege », la cascade, du moins je le pense en voyant à quel point Ceropegia woodii se développe bien en suspention. Des feuilles en forme de cœur, mesurant moins d’un centimètre, légèrement succulentes, vert clair grisâtre, tachetées et bordées de vert foncé, leur envers étant rose, foisonnent sur ces filaments, accompagnées de fleurs … bizarres. Ca y est ! Je l’ai dit ! Qu’on en juge : un tube blanc rosâtre, dont la base est enflée, quasi-sphérique, d’un diamètre nettement supérieur à celui du tube qui la suit sur environ 15 mm de long et 2 à 3 mm de diamètre ; à l’extrémité de ce tube, 5 petits pétales grenat qui se séparent puis se regroupent à leur extrémité. Ils forment ainsi une sorte de petite cage. L’intérieur du tube et des pétales est garni de poils gluants dont nous verrons bientôt l’utilisation. Les graines sont à l’intérieur d’une longue gousse qui passe du vert au beige très clair en séchant et que les graines mûrissent. Ces graines sont d’ailleurs pourvues d’un duvet soyeux qui leur permet, lorsque la gousse se fend et les libère, d’être emmenées en voyage par le moindre souffle d’air, tout comme un vulgaire pissenlit.

Les fleurs de Ceropegia fusca sont brunes, celle de woodii sont violacées, mais elles se ressemblent dans leur caractéristiques. Par contre, les plantes présentent de telles différences morphologiques qu’on n’a pas envie de les classer comme faisant partie d’une même espèce. Ce que j’ai découvert en lisant ce qui a été écrit sur les Ceropegias et en faisant la connaissance de quelques autres espèces n’a fait que renforcer cette première constatation : les Ceropegias développent un nombre considérable de formes. Je vais en passer quelques unes en revue, mais auparavant il convient de bien les identifier et d’analyser quelques caractéristiques qui leur sont communes.

IDENTITE ET REPARTITION

Les Ceropegias sont des Asclepiadacees, comme les Stapelias, Huernias, et autres Carallumas. Elles ont des cousines proches, les Brachystelmas.

On en a pour l’instant identifié plus de 180 espèces et sous-espèces. Je dis « pour l’instant » car les chercheurs font fréquemment des découvertes, telles celles des nouvelles espèces malgaches ; on consultera à ce sujet la revue SUCCULENTE (n° 4/96, 2/97, 3 et 4/98). Comme on trouve des Ceropegias dans toutes les zones tropicales et sub-tropicales du globe, continent américain excepté, je laisse à imaginer ce qu’il reste à découvrir.

Cette découverte n’est d’ailleurs pas facilitée par le mode de vie des Ceropegias. Ce sont des plantes discrètes qui croissent à l’abri des buissons et dont les teintes les font facilement se confondre avec la grisaille des plantes qui les abritent et les supportent. On dirait bien qu’elles se camouflent, à part, il est vrai les Ceropegias des Canaries dont le port tubulaire érigé les fait repérer de loin. Il est vrai qu’elles n’ont pas de prédateurs dans ces îles. Quoi qu’il en soit, on les trouve outre aux Canaries, en Afrique Centrale et australe, à Madagascar et aux Comores, en Arabie tropicale, en Inde, au Pakistan et au Sri Lanka, en Chine du Sud, aux Philippines, en Nouvelle-Guinée et en Australie. On m’a même parlé d’une Ceropegia europea qui pousserait à Gibraltar.

DES FORMES A FOISON

Tout ceux qui ont étudié les Ceropegias et écrit sur elles ont insisté sur le haut degré de variabilité de l’espèce. De la tige liane d’à peine 1 mm de diamètre de Ceropegia woodii à celle du plus robuste Ceropegia fusca ou de Ceropegia dichotoma (10 à 12 mm) et surtoutr de Ceropegia krainzii ou Ceropegia ceratophora (plus de 25 mm), en passant par celle très souple de Ceropegia sandersonii qui atteint 4 à 5 mde long pour un diamètre de 4 à 5 mm, les unes sont caudicifornes, d’autres ont des racines fasciculées ou tubéreuses ; certaines ont des feuilles succulentes, d’autres pas ; Dans certaines espèces, les feuilles ont des pétioles, d’autres en sont dépourvues ; certaines sont érigées, d’autres sont rampantes ou grimpantes, volubiles ou non, d’autres enfin sont pleureuses, sans compter celles qui s’adaptent à l’un ou l’autre statut suivant les opportunités de leur environnement.

Quant aux fleurs –« une invraisemblable diversité » dit Gordon Rawley-, certaines ont des pétales qui s’épanouissent comme toute honnête fleur se le doit, mais d’autres ont des pétales qui, après avoir entamé un épanouissement, ont comme un remord et rejoignent leurs extrémités, formant ainsi une cage ou un baldaquin. Pour plus de sûreté dans ce bouclage, Ceropegia filifera, Ceropegia haygarthii ssp distincta et Ceropegia insignis le prolongent par une torsion spiralée des extrémités des lobes rassemblés.

Dans un tel contexte, les coloris des fleurs ne peuvent manquer de souligner leurs différences : brun pour fusca, violacé pour woodii on l’avait vu ; j’ajouterai que Ceropegia dichotoma a des fleurs jaunes, que celles de Ceropegia ampliata sont blanches, Ceropegia sandersonii a des fleurs blanches rayées de vert et tachetées de vert à l’extremité des lobes et Ceropegia stapeliiformis a les siennes blanches, tachetées de violet très foncé, et ce ne sont là que quelques exemples.

DES FAUX CARNIVORES

A l’intérieur des cages, tube et pétales sont tapissés de poils gluants de nectar. Cela permet à nos Ceropegias de faire semblant d’être carnivores. En effet, les insectes attirés par l’odeur du nectar pénètrent dans la cage et s’y engluent en butinant ce nectar. Mais cet emprisonnement est de courte durée : au bout de quelques heures, au maximum de deux à trois jours, les poils sèchent et les insectes qui se sont couverts de pollen en se débattant, sont libres … d’aller se faire engluer ailleurs où ils pollinisent leur nouvel hôte qui s’empresse de les recharger de son propre pollen … et ainsi de suite … Je ne sais si cela consolerait les insectes d’apprendre qu’ils ont eu de la chance de rencontrer un faux carnivore et d’être ainsi des précurseurs en matière d’insémination artificielle.

Comme vu plus haut, presque 200 espèces ont été découvertes. Dans le cadre de cet article, il ne peut être question de les passer toutes en revue. Je me contenterai d’en décrire quelques unes, classées d’après leur lieu d’origine.

LES CEROPEGIA DES CANARIES

Les endémiques des Canaries sont au nombre de six ; elles se distinguent des espèces venues d’ailleurs par leur port érigé et la robustesse de leur tige.

Ceropegia fusca, dichotoma et chrysantha sont originaires de l’île de Ténériffe. J’y ai souvent rencontré les deux premières, mais jamais la dernière que je ne connais donc que par la documentation.

Ceropegia krainzii et ceratophora sont originaires de l’île de la Gomera. Elles y sont rares et c’est grâce à une aimable cabaretière que j’ai pu en ramasser un exemplaire de chaque dans son jardin.

Je n’ai jamais vu Ceropegia hians, originaire de l’île de la Palma, car je n’y suis pas encore allé ; cela ne tardera pas.

Il n’est pas facile de distinguer ces diverses espèces l’une de l’autre au premier coup d’œil lorsqu’elles sont en période de dormance et qu’elles se réduisent alors à un ou plusieurs bâtonnets. Par contre, dès qu’elles fleurissent, l’identification devient plus aisée. Les fleurs de fusca sont brunes, réunies par deux ou trois, leurs pétales sont jointifs à leurs extrémités. Celles de dichotoma, également en forme de cage, sont jaunes, souvent isolées ou par deux ou trois. Les fleurs de krainzii vivent en groupe de 20 à 50 sujets, leur couleur est jaune-citron ; celles de ceratophora sont également en forme de cage, mais celles de krainzii s’épanouissent sans se joindre. D’après ma documentation, les fleurs de Chrysantha sont également jaunes groupées par environ 20 sujets. Leurs pétales se joignent en cage à leur extrémités.

LES CEROPEGIAS D’AFRIQUE DU SUD

Dans son ouvrage cité en bibliographie, R. Allen Dyer décrit une soixantaine d’espèces et de sous-espèces de Ceropegias sud-africaines. Il les classe en quatre groupes :

Groupe A : racines fusiformes, charnues ou fibreuses, extrémités des lobes de la corolle non jointifs.

Groupe B : racines comme groupe A, mais lobes jointifs

Groupe C : racines caudiciformes, lobes non jointifs

Groupe D : racines caudiciformes, lobes jointifs.

Le groupe A :

Ceropegia stapeliiformis est la plus connue du groupe A ; elle a trois sous-espèces :

Ceropegia stapeliiformis ssp stapeiliformis

Ceropegia stapeliiformis ssp serpentina

Ceropegia stapeliiformis ssp Gordon Rawley

Les différences entre ces deux premières sont peu convaincantes. On peut dire que ssp stapeliiformis engendre de nombreuses branches sur sa tige principale alors que ssp serpentina n’en fait pas ou très peu. Toutes les deux ont une tige brun-verdâtre à peu près cylindrique, d’un diamètre d’environ 8 millimètres ; son aspect rugueux et même faussement épineux fait songer à une stapelia, ce qui justifie l’appellation de l’espèce. Par contre, la sous-espèce décrite par Gordon Rawley possède une tige lisse, vert franc, d’un diamètre légèrement inférieur à celui des deux autres ssp. Les fleurs des trois ssp sont semblables ; leur tube mesure jusqu’à 70 mm ; leurs cinq pétales très effilés s’ouvrent en se recourbant vers l’extérieur ; la couleur est blanchâtre, très tachetée de violet très foncé.

Les autres espèces du groupe A : Ceropegia bowkeri, tomentosa, scabriflora, barbosa, sont peu répandues en collection, a part peut-être Ceropegia cimiciodora. Cimex (génitif : cimicis) désigne en latin la punaise, ce qui ne pousse pas à avoir envie de renifler ses fleurs, lesquelles justifient effectivement leur appellation !

Le groupe b :

Il comprend davantage d’espèces ; j’en ai extrait trois, plus courantes que les autres : Ceropegia ampliata, Ceropegia sandersonii, Ceropegia radicans.

Ceropegia ampliata est une grimpante aux feuilles quasi-inexistantes. Sa fleur est caractéristique : de couleur blanc verdâtre, son tube est très large ; c’est lui qui a suggéré le qualificatif « ampliata » en lui donnant la forme d’une petite outre. Ceropegia ampliata se rencontre également en Afrique Tropicale où elle est appelée ssp oxylola, et à Madagascar où Lavranos a décrit une ssp madagascariensis.

Dyer semble d’ailleurs penser que d’autres sous-espèces seront bientôt décrites, tant sont nombreuses les variantes déjà constatées : robustesse, taille des fleurs, forme de la couronne. La jonction des extrémités des lobes semble également fragile, voir sujette à caution chez certains échantillons.

Ceropegia sandersonii est également grimpante à tige lisse, vert pâle, dépassant souvant 4 mètres. Le tube de ses grandes fleurs mesure jusqu’à 70 mm ; il est blanc vertdâtre, rayé longitudinalement de vert soutenu ; son sommet, tacheté de vert soutenu a une forme qui a stupéfié ses découvreurs. En 1807, J.D. Hooker l’a ainsi décrite : « le tube s’évase comme une trompette qui serait surmontée d’une sorte d’ombrelle frangée de poils et raccordée à la trompette par cinq petites jambes », description imagée à laquelle je ne peux rien ajouter.

Ceropegia radicans se présente également sous la forme d’une liane grimpante ainsi nommée à cause de sa tendance à lancer des racines adventives à partir de ses nœuds (radicans, participe présent du verbe latin ‘radicor’ : prendre racine). Elle connaît deux sous-espèces :

Ceropegia radicans ssp radicans

Ceropegia radicans ssp smithii

La fleur de ssp radicans mesure jusqu’à 80 mm ; sa cage est pointue à son extrémité, blanchâtre, marbrée de violet sombre. Celle de ssp smithii a la même dimension, mais sa cage terminale est arrondie ; elle est beaucoup moins marbrée de violet, le blanc-vert y domine.

Le groupe C :

Il ne comprend pour sa part que quelques esoèces naines peu connue des collectionneurs : pygmea, makefingensis, dinteri et antennifera.

Le groupe D :

Dans celui-ci, j’ai retenu Ceropegia rendallii, Ceropegia conrathii et Ceropegia woodii.

A la taille près, la fleur de Ceropegia rendallii ressemble tout à fait à celle de Ceropegia sandersonii ; mais son tube ne mesure que 15 à 20 mm. Les 5 jambes de liaison « trompette-ombrelle » sont proportionnellement plus longues, la couleur est violacé clair, tout à fait comparable à celle de la fleur de Ceropegia woodii. Ceropegia rendallii possède une tige grimpante et volubile, très vigoureuse malgré la minceur de son diamètre (moins de 2 mm). Elle est très velue.

Ceropegia conrathii est une plante de petite taille qui semble compenser cette petitesse par une vigueur considérable. Elle engendre de nombreuses branches quasi-buissonnantes et surtout énormément de fleurs de taille tout à fait réduite : 25 à 30 mm environ. Les lobes des pétales sont très étroits, jointifs à leurs extrémités.

Ceropegia woodii est la plus répandue des Ceropegias. On la trouve la plupart du temps en suspension. Son port pleureur et fourni fait alors songer à une cascade ; c’est lui qui est vraisemblablement à l’origine de la racine « pegia » du nom de l’espèce. C’est elle qui semble ne pas se contenter de son caudex. Elle a en effet pris l’habitude de développer de petits caudex à l’air libre, sur les racines adventives poussant le long de ses branches au droit des nœuds. Ces caudex s’enracinent très facilement, même sans qu’on les y aide, et engendrent de nouvelles plantes dans des délais très courts : quelques semaines. Les branches sont filiformes : 1 mm de diamètre ; elles poussent à partir du caudex et des nœuds des branches principales ; Ceropegia woodii se développe très bien en suspension ; j’ai déjà parlé plus haut des feuilles et des fleurs.

LES CEROPEGIAS MALGACHES

Durant son inlassable exploration de la flore malgache, Werner Rauh a bien entendu rencontré de nombreuses Ceropegias, il en même découvert plusieurs. Dans son ouvrage : »Succulent and xerophitic Plants of Madagascar », les descriptions qu’il en fait, les photos qui les accompagnent sont tellement talentueuses que je me garderai bien d’y ajouter celles que je pourrais faire. Je me contenterai ici de quelques remarques :

* Ceropegia armandii ressemble beaucoup à Ceropegia stapeliiformis sa cousine africaine.

* Comme vu haut, Ceropegia ampliata ssp madagascariensis est étroitement apparentée à Ceropegia ampliata d’Afrique du sud.

Toutes les autres Ceropegias malgaches sont endémiques de la Grande Ile.

Voici les noms de quelques unes de ces endémiques décrites dans l’ouvrage de Werner Rauh mentionné ci-dessus.

Ceropegia dimorpha, peseudo-dimorpha, albisepta ssp truncata, ssp viridis, ssp albisepta, hofstaeterii, robivelonea, gicki, hermanii, bosserii, razafindratsirana, ambovobensis, leroyii ; petignatii.

Enfin, pour Ceropegia simoneae, une petite histoire à raconter. Lorsque j’ai acquis Ceropegia simoneae, je me suis trouvé en possession d’un sarment d’une dizaine de centimètres, d’un diamètre de 5 à 6 mm, à la teinte assez indéfinissable, dans les gris-vert-brun, garni de protubérances se donnant l’air d’être des épines molles, et prolongé par une liane très fine d’à peu près 1 mm de diamètre garnie de place en place des mêmes fausses épines molles. Pour tout dire, cela n’avait pas l’air très vivant et je me demandais si j’avais fait une affaire intelligente… Je l’ai tout de même empotée et quelque peu oubliée dans ma revue quotidienne des habitants de la serre. Et un beau jour, j’ai constaté qu’elle s’était allongée, ramifiée et révélée volubile ; et surtout elle a engendré la fleur la plus extraordinaire des Ceropegias , lesquelles pourtant ne le cèdent en rien sur ce plan à quelque fleur que ce soit.

Pour leur part, les fausses épines ont donné naissance à de minuscules feuilles totalement insignifiantes et qui s’empressèrent de tomber.

Mais la fleur est loin d’être insignifiante. Je viens de la traiter d’extraordinaire pour ne pas paraître par trop radoteur en la disant « bizarre » ; et pourtant…

Un petit pédoncule est suivi du tube dont la base très large et quasi-sphérique -10 mm de diamètre- précède le tube lui-même, beaucoup plus mince -2 à3 mm de diamètre- Cinq pétales prolongent le tube, d’abord soudés puis s’écartent en s’évasant ; pris de remords ils se rejoignent pour former la cage traditionnelle. Mais ils sont eux-mêmes prolongés par cinq sortes de fouets long de 40 à 50 mm sur à peine 1 mm de large, garnis de poils grenat sombre. Ces fouets sont réunis en torsade durant la croissance de la fleur ; quand celle-ci a atteint sa taille, ils se détorsadent et sont alors libres, pendants et parfois agités par le vent. Peut-être cette agitation leur permet-elle de diffuser une phéromone prometteuse. La couleur penche vers le gris vert très clair, fortement tachetée de grenat.

LES CEROPEGIAS D’AILLEURS

De très nombreuses espèces vivent dans les zones tropicales et sub-tropicales du globe, à l’exception du continent américain. J’ai quelques noms, glanés ici et là, mais aucune description approfondie :

Ceropegia nilotica, Ceropegia africana : Kenya, soudan

Ceropegia somaliensis : Somalie

Ceropegia bulbosa, Ceropegia barbigera, Ceropegia ballyana : Ethiopie

Ceropegia gemmifera : Ghana

Ceropegia arabica : Yémen, Oman

Ceropegia pregonium, Ceropegia gracilipes, Ceropegia variegata : Inde, Pakistan

Ceropegia candelabrum : Sri Lanka.

Il faudra donc quelques voyages supplémentaires pour que je puisse rassembler la matière d’un autre article sur les Ceropegia de mon cœur

 

Louis LAPOUMEYROULIE (Laurent)
membre de la Société Succulentophile Francilienne (S.S.F.)
16bis, avenue de la Motte-Piquet
75007 PARIS

 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

R. Allen Dyer

Ceropegias : Brachystelmas and Riocreuxias in Southern Africa (1984)

-Ed. A.A.Balkerna, Rotterdam Holland

Edgar and Brian Lamb : The illustrated reference on Cactae and other succulents

Ed. Blandford Press, Poole, Dorset, GB

- Vol I (1955) p. 173 sq.

- Vol II (1959) p. 450 sq

- Vol III (1963) p. 742 sq

- Vol V (1978) p. 1423 sq

Werner Rauh : Succulent and xerophitic plants of Madagascar,

Ed Strawberry Press, Mill Valley, California USA

- Vol I (1995) p. 101

- Vol II (1998) p. 228 à 246

Gordon Rowley : Encyclopédie des plantes grasses, Bordas, Paris, 1985

- p. 212 sq

- p. 232 sq

 

Revues :

CACTUS FILE : articles dans les n° 4, 5, 9 et 11 du vol II

SUCCULENTES : articles dans les n° 4/79, 2/81, 4/96, 2/97, 3 et 4/98

 

Louis LAPOUMEYROULIE (Laurent)
membre de la Société Succulentophile Francilienne (S.S.F.)
16bis, avenue de la Motte-Piquet
75007 PARIS

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