ssf

L'Île de La Gomera

L’île de la Gomera ressemble à l’île de la Grande Canarie mais en beaucoup plus petit. L’île, longue de 25km, large de 24km, pour une superficie de 378km2 est située au Sud-ouest de l’île de Ténérife. L’accès se fait par un ferry «le Benchijigua» car il n’y a pas d’aéroport, ce qui limite l’afflux de touristes.

A peu près circulaire, l’île au relief escarpé culmine à Garajonay à une altitude de 1487m, un dôme autour duquel rayonnent 38 profondes barrancos (gorges profondes) qui se jettent dans la mer entre les falaises verticales. Il n’existe aucune plaine côtière, l’île est ceinte de falaises escarpées et ressemble de loin à une véritable place forte.

Peuplée de seulement 30 000 habitants, la Gomera vit surtout de son agriculture, banane, tomate, vigne, pomme de terre et du commerce.

La ville principale San Sebastian de la Gomera, située à l’est, présente quelques curiosités : l’Iglesia de la Asunciòn où Christophe Colomb entendit la messe avant de s’embarquer pour l’Amérique, la maison où il logeait au n° 60 de la rue principale, la Torre del Conde, aujourd’hui musée précolombien, 15ème siècle, fut habité par Béatriz de Bobadilla, bien-aimée de Christophe Colomb.

Le climat est comparable à celui de Ténérife avec une côte Nord humide et fertile soumise à l’action des alizés, et une côte sud chaude. Les nuages sont souvent si nombreux que le Nord et le Centre de l’île sont plongés sous un brouillard épais, accompagné d’une bruine qui entretient une végétation luxuriante.

La végétation est partout remarquable car l’île a été préservée du surpâturage et des implantations industrielles mais on peut distinguer des zones particulièrement intéressantes : la forêt de El Cedro, la Barranco de la Villa, le Roque de Agando, les falaises de Agulo et le Roque Cano de Vallehermoso, Chorros de Epina et les environs d'Arure,Vallegranrey et la Fortaleza de Chipude, la Barranco de Santiago.

La forêt de El Cedro

La région centrale de la Gomera possède la plus belle et la plus étendue des Lauriselves (forêt de lauriers) des Canaries. Afin d’assurer la protection de cette forêt, les autorités ont créé le parc national de Garajonay. Le centre du parc est occupé par la forêt originelle et la périphérie par une forêt dégradée dans laquelle on trouve Pinus canariensis. Dans cette Lauriselve, les arbres les plus fréquents sont : Laurus azorica, Ilex canariensis, Myrica faya et Salix canariensis. Dans la zone dégagées apparaissent des buissons : Hypericum grandifolium, Scrofularia langeana, Teline stenopetala et des plantes herbacées : Aichryson punctatum, pachycaulon, Geranium canariense.

Sur les parois rocheuses apparaissent des crassulacées : Aichryson parlatorei, Aeonium (Greenovia) aurea, Aeonium subplanum, le rare Aeonium gomerense, ainsi que le Monanthes laxiflora.

Aeonium subplanum, du groupe Aeonium canariense, est une plante monocarpique très commune dans toutes les zones humides. L’inflorescence de 20 à 30cm de hauteur est constituée de fleurs jaunes lumineuses à verdâtres.

Aeonium gomerense, espèce rare, à fleurs blanches est considéré comme un hybride que j’ai trouvé entre El Rejo et le Roque de la Zarcita.

La barranco de Santiago

Cette barranco située au sud de l’île, juste au Nord de la Playa Santiago, est caractéristique du domaine du Sud, la zone xérophyte. On remarque plusieurs espèces d’Aeonium : Aeonium urbicum, holochrysum, decorum et une espèce proche de urbicum mais à tige ramifiée, probablement un hybride.

Entre les rochers on peut aussi trouver le rare Ceropegia ceratophora mais que je n’ai pas vu en fleurs.

A l’abri des rochers, dans les zones ombragées se développent quelques Greenovia aurea.

Cette barranco est remarquable par la quantité d’Euphorbes présentes : Euphorbia canariensis, Euphorbia balsamifera, Euphorbia lamarckii v. lamarckii (obtusifolia) et Euphorbia berthelotii qui, à mon avis n’est qu’une forme locale de la précédente espèce, mais particulièrement grande et ramifiée, jusqu’à 2,50m de hauteur.

Vallegranrey et la Fortaleza de Chipude

Toute cette région située au Sud-Ouest de l’île appartient au domaine xérophyte de Sud et l’on retrouve des espèces similaires à celles rencontrées dans la barranco de Santiago. On peut toutefois remarquer une grande forme d'Aeonium decorum à feuilles rouges et deux espèces de Monanthes, Monanthes pallens et Monanthes amydros dans la partie supérieure de la barranco de Vallegranrey.

Cette région est surtout remarquable par deux points, la profondeur et les dimensions gigantesques de la barranco de Vallegranrey dont les falaises escarpées, quasiment inaccessibles, recèlent peut-être encore des merveilles botaniques à découvrir et la Fontaleza de Chipude.

Cette Fortaleza, près du village de Chipude, est une imposante montagne tabulaire dont les parois presque verticales sont riches en plantes endémiques dont le Ceropegia ceratophora. Du sommet on découvre un merveilleux panorama vers le sud de l’île.

La barranco de la Villa

Située au Nord-est de l’île, cette barranco possède une grande richesse botanique et est accessible à partir de San Sebastian. Dépassés les faubourgs de la ville, sur le versant Nord de la barranco, on remarque Aeonium viscatum, Aeonium decorum ainsi que Monanthes pallens. Vers le fond de la barranco, après la Laja, apparaissent Aeonium saundersii, espèce très localisée mais qui est abondante et se développe le long des parois humides, et Aeonium subplanum qui recouvre par milliers les parois abruptes en compagnie de Greenovia aurea. On rencontre aussi Monanthes laxiflora, Euphorbia lamarckii v. regis-jubae.

En quittant la barranco de la Villa, je reprends la route qui permet de joindre El Rejo et Hermigua. Le long de la route poussent diverses espèces telles que Monanthes pallens, amydros, laxiflora. A environ 500m d’altitude apparaissent Aeonium castello-paivae et Greenovia diplocycla. Juste après le tunnel, je me retrouve dans les nuages et la bruine où les espèces précédentes poussent en abondance en compagnie d’Aichryson laxum et du rare Aeonium gomeresense.

Aeonium castello-paivae est une belle espèce abondante, à feuilles glauques et fleurs blanc-verdâtre à rose qui nécessite une atmosphère humide pour se développer.

Le Roque de Agando

Ce monolithe de basalte, 1250m, situé au fond de la barranco de la Laja, souvent noyé dans la «niebla», les nuages dûs aux alizés, est une magnifique zone d’une grande richesse : Sideritis marmorea, Teline linifolia, Echium, Argyranthemum et Aeonium spathulatum, en pleine floraison durant ce mois de juin et surtout le rare Aeonium rubrolineatum endémique de l’île poussant entre 800 et 1200m.

Chorros de epina et les environs d’Arure

Nous sommes maintenant à l’Ouest de l’île dans une zone humide dont les arbres et les arbustes sont recouverts de lichens et de mousses.

On retrouve Monanthes pallens, Aeonium urbicum, Euphorbia obtusifolia jusqu’à 500m d’altitude et au delà Aeonium rubrolineatum, Geranium canariense, Greenovia diplocycla, Aichryson parlatorei et surtout le rare Euphorbia lambii qui pousse à la limite de la forêt.

Les falaises de Agulo et le Roque Cano de Vallehermoso

Situées au Nord de l’île, les falaises basaltiques qui dominent le village de Agulo présentent plusieurs espèces endémiques : Sonchus gonzalez-padronii, regis-jubae et surtout Euphorbia bravoana, rare en ce site mais plus fréquente dans la barranco de Majona.

Euphorbia bravoana ressemble à euphorbia atropurpurea de Ténérife mais les feuilles situées sous les inflorescences sont pourpre et les capsules rougeâtres à marron lumineux.

Les pentes basaltiques du Roque Cano dans la barranco de Vallehermoso sont intéressantes notamment par la présence d’Aeonoum viscatum. La partie aval de la barranco, à proximité de la mer, présente une association remarquable : Euphorbia balsamifera, Euphorbia aphylla, espèce halophyte et le rare Ceropegia krainzii à fleurs jaune-citron.

Cette île, encore préservée du tourisme et des activités humaines intenses est un véritable bijou pour les amateurs de nature, de fleurs et évidemment de plantes succulentes

Norbert REBMANN
président de la Société Succulentophile de l'Est Francilien (S.S.F.)
16 rue Charles Pathé
94300 VINCENNES, FRANCE

SSF.Info © 2006