LA FLORAISON DES GYMNOCALYCIUM

 

 

1 LA STRUCTURE DES FLEURS

2 LA VIE DES FLEURS

2.1 Les BOUTONS

2.2 Les FLEURS

3 LA PRODUCTION FLORALE

3.1 CHRONOLOGIE DU DÉBUT DES FLORAISONS

3.2 PÉRIODICITÉ DES FLORAISONS

4 NOTES

5 ANNEXE

5.1 CARACTÉRISTIQUES DE LA POPULATION ÉTUDIÉE

5.2 NOTATION DES FLORAISONS. ÉLÉMENTS STATISTIQUES

5.2.1 Statistique N°1 : PREMIERES FLORAISONS

5.2.2 Statistique N°2 : FLORAISONS ANNUELLES

5.2.3 Statistique N°3 : FRÉQUENCE DES FLORAISONS

5.3 NOTES


 

Les Gymnocalycium forment un genre très homogène dont la culture est, pour les amateurs, des plus gratifiantes (1). En fait cette homogénéité d’ensemble recouvre dans le détail une grande diversité. Celle-ci se manifeste en particulier lors de la floraison des plantes. L’observation étant dit-on la mère des sciences naturelles, il m’a paru intéressant, en l’an 2000, d’examiner avec attention les divers aspects de la floraison des Gymnos que je possède.

Muni du «Gymnocalycium» de J.Pilbeam (2) et de «Cactus d’Argentine» de J.Lambert (3), d’un appareil photographique et d’un petit agenda de poche, j’ai donc arpenté entre avril et octobre les cinq mètres linéaires de ma collection de Gymnos pour surveiller l’apparition et l’évolution des fleurs.

Les constatations et remarques faites lors de cette «longue marche» sont résumées ci-après. Bien entendu elles ne valent que pour la petite collection dont les caractéristiques sont précisées en annexe. Elles n’ont pas de portée générale, s’agissant d’un genre dont la délimitation des espèces est encore très floue et de plantes sujettes à de multiples variations.

1         LA STRUCTURE DES FLEURS

On sait que les fleurs de Gymnos n’ont pas de tube floral au sens botanique du terme ; leur périanthe s’ouvre directement au sommet du péricarpelle. Ces deux éléments sont issus de boutons.

Les boutons sont produits par des méristèmes spécialisés qui mourront avec la fleur. Ils prennent tous naissance à la partie supérieure de certaines aréoles. Souvent ils sont positionnés au sommet de la plante, vers l’apex, sur les aréoles les plus récentes. Cependant pour quelques espèces, les boutons naissent sur des aréoles anciennes éloignées de l’apex. Cette particularité, qui peut être un élément intéressant de détermination, se rencontre notamment chez Schickendantzii, Stuckertii, Marsoneri et certaines variétés de Mihanovichii.

Dans la phase initiale de développement, les boutons se présentent sous la forme d’une petite carapace arrondie recouverte d’écailles en losange qui s’emboîtent les unes dans les autres. Puis le bouton grandit en s’allongeant plus ou moins selon les espèces. Sa partie inférieure devient un tube cylindrique. Sa partie supérieure grossit et prend la forme d’un cône plus ou moins pointu. Ainsi s’amorce la formation des deux parties de la fleur, le péricarpelle et le périanthe.

Quelques écailles de faible dimension restent dispersées sur la partie basse du bouton. Celles du cône s’allongent rapidement ; lors de l’éclosion de la fleur, les plus longues fourniront une partie des tépales externes du périanthe.

La couleur du bouton reflète souvent celle de la plante elle-même, c’est à dire le vert dans ses différentes nuances (clair, foncé, mat, brillant..). Mais certains boutons sont d’une couleur différente de celle de la plante : par exemple rosâtre chez Mesopotamicum, mais aussi beige, marron ou bleuâtre pour d’autres espèces. Le bord des écailles a en général une teinte distincte de celle de leur corps. Selon les espèces elle peut être blanche, rose, mauve, jaune, marron...

Le péricarpelle, en forme de tube évasé, enveloppe et protège les carpelles c’est à dire l’ovaire contenant les ovules, éléments femelles de la fleur, qui après fécondation par le pollen formeront les graines. Le péricarpelle est nu, à l’exception de quelques petites écailles dispersées sur sa surface.

La forme du péricarpelle varie selon les espèces. Il peut être court et c’est souvent le cas pour les plantes qui atteignent de grandes dimensions (ex. : Saglionis, Pflanzii..). Il peut être au contraire très allongé, en particulier chez certaines espèces de taille modeste (ex :. Mesopotamicum, Leptanthum..). Il peut être mince (ex. : Ragonesei, Joossensianum..) ou épais (ex. : Bruchii var.albispinum..). Sa longueur et son diamètre paraissent indépendants de l’âge de la plante. Dès l’année de leur première floraison, alors que le corps du gymno continue à croître, le péricarpelle atteint souvent sa taille définitive.

Le périanthe se forme et s’ouvre au dessus du péricarpelle. Ses caractères varient sensiblement selon les espèces.

Tout d’abord, pour la forme générale du périanthe, on distingue habituellement deux catégories principales : les périanthes infundibuliformes, en entonnoir, qui prolongent le péricarpelle en s’évasant de façon progressive (ex : Schroederianum, Chiquitanum..) ; les périanthes campanulés, en forme de cloche inversée, qui s’élargissent brusquement par rapport au sommet du péricarpelle (ex : Denudatum, Friedrichii). Entre ces deux catégories extrêmes, existent de nombreuses formes de transition.

La structure interne des fleurs présente également une grande diversité. D’une espèce à l’autre, le nombre de tépales varie sensiblement. Il peut être restreint, limité à deux rangs de tépales lâches (ex : Oenanthemum..) ou comporter trois, voire quatre rangs très étoffés (ex : Hamatum, Mostii..). En outre les tépales ont des formes très variables. Ils peuvent être spatulés, (ex : Ferrarii, Monvillei..), oblancéolés, cas fréquent, lancéolés (ex : Horstii, Schatzlianum..), leur extrémité ayant ou non un petit mucron et pouvant être parfois serratulée. Ils peuvent être courts (ex : Saglionis..) ou allongés (ex : Fleischerianum..), larges ou étroits. Des variations se manifestent au sein de la même espèce. Il semble donc difficile d’admettre que la forme des tépales puisse constituer un critère solide de détermination.

Les fleurs campanulées ont le plus souvent une gorge large, pourvue d’étamines abondantes et d’un pistil très apparent (ex : Pflanzii, Ritterianum, Bayrianum..). Certaines fleurs infundibuliformes ont au contraire une gorge étroite, profonde, dont les éléments reproducteurs sont moins visibles.

La diversité des gymnos s’exprime de façon spectaculaire par la gamme étendue du coloris des fleurs des diverses espèces. La couleur blanche est la plus fréquente, mais avec de nombreuses nuances : blanc mat, brillant, soyeux, chatoyant, etc. Existe aussi une vaste série de blancs diaprés de nuances diverses, vert, jaune, rose, orange.. La gorge de nombreuses plantes à fleurs blanches est marquée de vifs coloris avec des dégradés subtils où dominent le rouge, le rose et le vert. La photographie en couleur peine à rendre fidèlement toute cette beauté. Aux fleurs à dominante blanche s’ajoutent plusieurs fleurs dans la gamme des roses (ex : Horstii, Horridispinum..), ainsi que quelques fleurs rouges (Tillianum, Carminanthum..) ou jaunes (Andreae, Uruguayense..).

Pour certaines espèces, la couleur des fleurs évolue au cours de leur courte vie. Cette particularité, qui se rencontre d’ailleurs dans d’autres genres, est spectaculaire pour quelques gymnos. Tel est le cas de certains Baldianum dont la fleur rouge vif à l’éclosion devient vieux rose en vieillissant. De même la couleur orange de la jeune fleur de Pediophilum et de son cousin bolivien Chiquitanum se transforme rapidement en blanc cassé.

La couleur de certaines parties du périanthe peut fournir un élément de détermination. A cet égard, il convient de ne pas négliger la couleur des anthères et du pistil, laquelle parait moins sujette à variations que celle des tépales. Par exemple, le pistil rouge de Pflanzii le distinguera de Saglionis dont le pistil est jaune. De même la couleur anthracite des anthères d’Anisitsii -stricto sensu- évitera la confusion avec d’autres espèces de morphologie voisine.

La grandeur de la fleur est indépendante de celle de la plante. Certes les très petits gymnos (ex : Damsii var. centrispinum) ont des fleurs de taille modeste, mais parfois aussi les espèces les plus volumineuses (ex : Saglionis). Pour les plantes de l’échantillon, les mesures effectuées font apparaître des hauteurs variant entre trois et neuf centimètres. La majorité des plantes produisent des fleurs de quatre à cinq cm de diamètre. Pour de nombreuses espèces, le diamètre de la fleur épanouie correspond approximativement à sa hauteur.

2         LA VIE DES FLEURS

Pour bien fleurir, les gymnos. doivent, comme les autres plantes, être en bonne santé, exempts de parasites et nourris convenablement (1). Il faut ensuite qu’ils bénéficient de conditions environnementales favorables. Dans la nature, les gymnos se développent dans des milieux climatiques et des biotopes très divers, allant des zones chaudes et humides de basse altitude, jusqu’à des secteurs à pluviométrie très faible et d’altitude élevée. Parfois ces plantes de dimension modeste grandissent sous l’abri d’herbes ou de buissons. Dans nos serres elles sont généralement soumises à des conditions de culture standard, quelle que soit l’origine géographique de leurs ancêtres. En général on évite de les exposer à un ensoleillement trop intense qui risquerait de provoquer des brûlures à certaines espèces. Mais, comme tous les cactus, les gymnos ont besoin, après une longue période de repos hivernal, de chaleur, de soleil et d’humidité.

2.1        Les BOUTONS

Leur apparition et la rapidité de leur croissance dépend beaucoup de ces conditions. Si elles sont particulièrement défavorables (fraîcheur et luminosité insuffisante pendant plusieurs jours ou au contraire brutal «coup de chaleur») les très jeunes boutons de faible hauteur peuvent avorter. Ce phénomène, constaté cette année en juin et juillet pour un petit nombre d’espèces, survient surtout à la fin de la période des floraisons, lorsque l’énergie vitale des plantes diminue à l’approche de l’automne.

Le nombre de boutons est fonction de l’âge de la plante et de son espèce (cf. ci-après). Plus la plante est âgée, plus elle est productive, remarque étant faite qu’à âge égal et pour une même espèce, les performances peuvent varier d’une plante à l’autre, alors même qu’elles bénéficient de conditions de culture identiques.

Pour la plupart des espèces de petite taille, les boutons apparaissent tôt, en général dès leur troisième année de vie. Le décompte des boutons (et des fleurs) produits par les 163 plantes de l’échantillon n’a pas été opéré. Il n’aurait pas été significatif s’agissant de plantes d’âge très varié. Néanmoins, à titre documentaire, on a noté le nombre de boutons visibles sur chaque plante lors de l’apparition de sa première fleur annuelle, soit 416 au total, donc 2,55 en moyenne. Lors de leur première floraison, 60 plantes ont présenté un seul bouton, 65 en possédaient 2 ou 3 et 38 avaient 4 boutons ou plus. Le record (13 boutons) étant réalisé par un Quehlianum âgé de plus de 30 ans.

2.2        Les FLEURS

D’une manière générale, pour s’épanouir, les fleurs de gymnos ont besoin d’une bonne luminosité ambiante et d’une température minimale assez élevée. Les meilleurs résultats s’observent lors des journées bien ensoleillées, avec une température de 30 à 35 degrés. Au-delà de 40/42 degrés les fleurs souffrent et leur durée de vie s’abrège. Par temps frais et sombre les fleurs ne s’ouvrent pas. Si ces conditions se prolongent, la fleur finira par flétrir sans avoir pu s’épanouir. Ce phénomène a été constaté en juillet 2000 après une succession de jours exécrables, alors que d’autres genres réputés exigeants (Matucana, Discocactus) parvenaient à fleurir.

Dans ma serre, du fait peut-être de l’installation des gymnos (cf. annexe), leurs fleurs ne s’ouvrent que l’après-midi (de 14/15heures à 18/19h. selon la longueur du jour) à la différence d’autres genres (matucana, rebutia) qui placés dans les mêmes conditions, acceptent de fleurir dès le matin.

Le plus souvent, la fleur des gymnos n’atteint pas ses dimensions maximales dès son éclosion. Les tépales, en particulier les tépales internes, continuent à croître pendant un certain laps de temps. Là encore se manifeste la diversité des caractères génétiques des différentes espèces. Pour certaines la taille définitive des tépales sera atteinte en une demie journée. Pour d’autres le délai pourra dépasser deux jours (ex : Carminanthum)

L’aptitude des fleurs à l’épanouissement varie selon les espèces. Parfois la fleur s’ouvre très largement ; ses tépales s’incurvent vers l’extérieur jusqu’au péricarpelle (ex : Anisitsii, Denudatum, Pediophilum, Moserianum...). D’autres fleurs répugnent à s’ouvrir largement et exigent un vif ensoleillement pour s’épanouir. Elles sont assez peu nombreuses (ex : Ambatoense, Cardenasianum, Glaucum, Schickendantzii..).

Les fleurs de gymnos se ferment chaque nuit. Lorsqu’en fin de journée elles demeurent ouvertes, c’est qu’elles seront flétries le lendemain. Cette règle comporte de rares exceptions : la fleur de Ritterianum reste ouverte pendant les deux nuits qui précèdent son flétrissement. Celle d’Anisitsii (au sens étroit) fait de même ou ne se ferme qu’à demi, comme d’ailleurs celle de Calochlorum.

D’autre part, l’horaire quotidien d’épanouissement et de repliement du périanthe n’est pas identique pour toutes les plantes. Pour des espèces différentes mais ayant les mêmes conditions de culture, le décalage horaire peut atteindre deux heures. Carminanthum, Leptanthum, Mostii, Schroederianum appartiennent au groupe des «paresseux» à ouverture tardive. Au contraire, Bicolor, Calochlorum, Guanchinense, Pediophilum, Stellatum s’ouvrent et se ferment tôt. Il semblerait aussi que la durée quotidienne d’épanouissement des fleurs ne soit pas identique pour toutes les espèces. Mais l’insuffisance de l’échantillon n’a pas permis d’être affirmatif sur ce point.

En revanche, on a observé une bonne synchronisation des époques de floraison pour la plupart des espèces figurant en plusieurs exemplaires dans l’échantillon : Anisitsii, Damsii, Denudatum, Friedrichii, Mihanovichii, Ragonesei...

L’observation de la durée de vie des fleurs de gymnos a concerné une centaine de plantes d’espèce reconnue. Elle fait apparaître une moyenne arithmétique élevée de six jours et demi entre le début de l’éclosion de la fleur et son flétrissement. Mais, pour interpréter ce chiffre, il faut tenir compte des conditions d’installation de la collection (cf. annexe) qui pourraient avoir pour effet de réduire la durée quotidienne d’épanouissement des fleurs et donc, peut-être, de prolonger artificiellement leur durée de vie globale. D’autre part, l’observation n’a porté que sur la première fleur de chaque plante. Or les fleurs des floraisons successives ultérieures sont parfois moins vigoureuses et de ce fait ont souvent une durée de vie plus courte.

Quoi qu’il en soit, cette moyenne de 6,5 jours masque de grandes disparités : selon les espèces, la durée de vie varie entre 2,5 jours et 10 jours. La répartition statistique des 100 plantes est la suivante : entre 4,5 et 7,5 jours : 70 plantes ; en deçà de 4,5 jours : 12 plantes ; au delà de 7,5 jours :18 plantes. Parmi les espèces à fleurs durables, on peut citer par exemple Calochlorum, Capillaense, Erinaceum, Friedrichii, Mihanovichii, Piltziorum, Ragonesei, Vatteri. Au contraire, Baldianum, Bodenbenderianum, Chiquitanum, Denudatum, Gibbosum, Schaltzianum sont des espèces à vie de fleur courte.

3         LA PRODUCTION FLORALE

L’exploitation du «compte décadaire» figurant au fichier mentionné en annexe, permet d’obtenir pour chacune des 163 plantes de l’échantillon deux types de données : 1. la décade de début de sa floraison, 2. les diverses décades lors desquelles elle a produit une ou plusieurs fleurs.

3.1        CHRONOLOGIE DU DÉBUT DES FLORAISONS

La statistique N°1 de l’annexe fait apparaître la répartition par décade des premières floraisons. Celles-ci se concentrent en majorité pendant le mois de mai (65%), en particulier pendant la première décade (33%). En 1999, les résultats pour un échantillon plus restreint, étaient très voisins, avec toutefois un meilleur score pendant la troisième décade de mai. Les 14 plantes à floraison précoce (deux premières décades d’avril) sont cinq variétés ou formes de Bruchii, Taningaense et curieusement la plupart des espèces à fleurs jaunes : Leeanum, Andreae, Urugayense, Hyptiacanthum citriflorum (?). La troisième décade d’avril (14 plantes) voit apparaître les grands classiques du genre, Baldianum, Quehlianum, Horridispinum, Multiflorum etc.. ainsi que d’autres gymnos moins courants, Neuhuberi, Striglianum, Horstii etc.. Quant aux 105 plantes qui ont commencé à fleurir en mai, elles forment le gros de la troupe et il serait fastidieux d’énumérer leur nom.

Le mois de juin marque une diminution drastique du nombre de plantes dont la floraison a débuté : 23 soit seulement 14% du total. Parmi ces premières floraisons tardives on constate une concentration élevée d’espèces regroupées par la classification de Schütz dans le sous-genre Muscosemineum, notamment Mihanovichii, Pungens, Marsoneri, Schickendantzii, Hamatum, Joossensianum, toutes plantes dont les boutons prennent souvent naissance loin de l’apex.

Les sept dernières plantes de la liste (éclosion en juillet) ne sont pas significatives. Il s’agit soit de très jeunes plantes qui fleurissent pour la première fois, soit de quelques anciens gymnos ayant eu des problèmes de santé.

En fait à partir de fin mai, une proportion croissante de la production florale correspond à des boutons qui n’apparaissaient pas encore lors de la première floraison. Autrement dit, il s’agit de nouvelles floraisons émanant de plantes ayant déjà fleuri précédemment. C’est ce que traduit la statistique N°2.

3.2        PÉRIODICITÉ DES FLORAISONS

Cette statistique (cf. annexe) et le diagramme correspondant (cf. photo) indiquent le nombre de plantes de l’échantillon ayant produit une ou plusieurs fleurs au cours de chacune des dix huit décades des mois d’avril à septembre 2000.

La production globale débute modestement en avril après le début du printemps. Elle s’accélère brusquement au début du mois de mai, mois où elle réalise son meilleur score. Elle se maintient à un bon niveau en juin et juillet, pour diminuer régulièrement en août et s’achever vers la fin septembre. Au-delà persistent encore quelques rares boutons qui ne parviendront probablement pas au stade floral. Mais en définitive, peu de genres de cactées assurent une production continue de fleurs pendant une période aussi longue.

L’examen des séquences décadaires fait apparaître quelques irrégularités. En particulier une régression sensible de la production florale au cours de la troisième décade de juin et de la première décade de juillet. Or, les relevés quotidiens des températures minimales et maximales montrent une pointe de chaleur anormale à la fin de la deuxième décade de juin, (aggravée par une aération insuffisante de la serre) qui a provoqué le flétrissement prématuré des fleurs. Ces journées ont été suivies à partir du 23 juin par un temps couvert, pluvieux et frais qui, après quelques jours de répit en fin de mois, s’est prolongé pendant la première décade de juillet. Ces conditions météorologiques défavorables fournissent une explication au moins partielle de la diminution florale constatée durant ces deux décades. Dans le même ordre d’idée, le temps particulièrement clair et chaud du 5 au 17 mai, peut expliquer le brillant score des floraisons des deux premières décades de mai.

Toutefois, ces résultats globaux masquent une grande diversité de situations suivant les espèces. Un examen rapide du «compteur décadaire» de chaque plante conduit à constater que peu d’espèces fleurissent beaucoup et que beaucoup d’autres fleurissent peu.

Mais il faut pousser l’analyse, pour préciser ce diagnostic sommaire. En ne tenant pas compte des spécimens les plus jeunes, on peut distinguer cinq catégories de plantes parmi les gymnos de l’échantillon observé :

1. Les Gymnos qui fleurissent peu : ils émettent une fleur au départ, rarement deux, et leur floraison annuelle est alors achevée, sauf, exceptionnellement, la production d’une fleur tardive. Cette catégorie représente près de la moitié des espèces de l’échantillon. On peut citer au hasard : Capillaense, Cardenasianum, Deezianum, Gibbosum, Guanchinense, Megalothelon, Mostii, Oenanthemum, etc..

2. Les Gymnos qui ont une seule floraison, mais généreuse (de 5 à 10 fleurs) et concentrée sur une période de quelques jours. Il s’agit en particulier de quelques espèces cespiteuses comme Bruchii, Leeanum, Calochlorum, mais aussi de quelques isolés, tels Delaetii, Pflanzii, Saglionis...

3. Les Gymnos qui ont une première floraison généreuse (de 5 à 10 fleurs et plus), mais brève, suivie, après une période de repos, d’une ou plusieurs autres floraisons ne produisant qu’un nombre restreint de fleurs (de 2 à 4). Relèvent de cette catégorie notamment : Bicolor, Ochoterenae, Pediophilum, Quehlianum, Moserianum..

4. Les Gymnos dont la floraison initiale, quasi simultanée, est modeste (1, 2, 3 fleurs) mais qui, après une ou plusieurs pauses, produisent une ou plusieurs floraisons supplémentaires de 1 ou 2 fleurs. C’est un cas assez fréquent, avec diverses variantes selon la durée plus ou moins longue qui sépare les floraisons successives et le nombre de celles-ci. Exemples : Bodenbenderianum, Carminanthum, Erinaceum, Hamatum, Nigriareolatum, Platygonum...

5. Une dernière catégorie regroupe les Gymnos qui développent leurs boutons, non pas par vagues successives séparées par une pause, mais de façon progressive et quasi continue. Ils semblent ainsi avoir émis au moins une fleur pendant un nombre élevé de décades successives. Dans cette catégorie les Anistisii font figure de champion, ainsi que deux Tudae ? (désormais Marsoneri) qui leur ressemblent étroitement. Mais on peut également citer Damsii, Joossensianum, Leptanthum, divers Friedrichii et Mihanovichii, Ragonesei et même Schickendantzii qui n’a produit qu’une seule floraison de six boutons mais à développement très lent, si bien que cette plante, dont au surplus les fleurs ont une durée de vie élevée, apparaît en production florale pendant six décades !

Cette grande diversité des modes de floraison est reflétée par la statistique N°3 des «fréquences décadaires» (cf. annexe) qui indique la répartition du nombre de plantes en fonction du nombre de décades durant lesquelles elles ont produit une ou plusieurs fleurs. Par regroupement on peut distinguer trois catégories de fréquences : faible, moyenne, élevée.

La première (fréquences 1+2) comporte 79 plantes, soit 48,4% du total. La deuxième (fréquences 3+4+5) 56 plantes soit 34,4%. La dernière, celle des fréquences élevées (de 6 à 12), 28 plantes soit 17,2 %.

Les 79 Gymnos du premier groupe englobent ceux qui n’ont qu’une seule floraison annuelle (catégorie 1 et 2 du classement par type de floraison). Les 56 plantes du groupe «fréquence moyenne» figurent surtout dans les catégories de floraisons 3 et 4, plus rarement dans la catégorie 5. Les 28 Gymnos ayant une «fréquence décadaire» élevée se retrouvent aussi dans ces trois types de floraison, mais la moitié d’entre eux est du type 5.

Bien entendu, cette statistique des «fréquences décadaires» ne traduit pas précisément le nombre des floraisons successives de chaque plante, puisque la même floraison peut s’étendre sur plusieurs décades, surtout si le nombre des boutons est important et leur éclosion étalée dans le temps. Pour déterminer le nombre réel de floraisons successives, il faut analyser le compte décadaire individuel de chaque plante. Cet examen comporte une part d’incertitude en l’état des données de base disponibles.

A titre indicatif on en fournit néanmoins les résultats :

Nombre de floraisons annuelles

% du nombre total de plantes

1

46

2

24

3

17

4

8

5/6

5

Total

100%

 

Ces chiffres confirment le «diagnostic sommaire» énoncé ci-dessus.

On a indiqué précédemment le nom des espèces ayant fleuri les premières au mois d’avril. Celles qui ont fleuri les dernières en septembre sont : Anisitsii, Carminanthum, quatre formes de Damsii, deux formes de Friedrichii, Horstii, Joossensianum, Mihanovichii et Tudae ?

Pour les motifs indiqués auparavant, le décompte du nombre total de fleurs de chaque plante n’a pas été opéré. Les observations faites permettent cependant, sans grand risque d’erreurs, d’indiquer le nom de quelques espèces très florifères, abstraction faite de leur rythme individuel de floraison. Il s’agit notamment de : Anisitsii et ses satellites Damsii et Joossensianum, Baldianum, Friedrichii, Quehlianum, Leptanthum, Mihanovichii, Ragonesei, Stellatum... Mais cet aspect purement quantitatif ne doit pas faire oublier la beauté singulière des fleurs d’autres espèces, à la forme rare ou au coloris subtil comme Chiquitanum, Capillaense, Horridispinum, Pflanzii... et beaucoup d’autres encore.

Telles sont les diverses remarques résultant de cette longue période d’observation. Un examen portant sur un échantillon composé de plantes nées de graines d’origine authentifiée, beaucoup plus étoffé, représentatif de l’ensemble des espèces et des taxons inférieurs, aurait permis de recueillir des informations plus nombreuses et plus fiables. A défaut, on s’est efforcé d’esquisser une méthode d’observation, de collecte et d’exploitation des données de base, certes purement empirique, mais non dépourvue d’intérêt, puisqu’elle permet de distinguer plusieurs types de floraisons.

Mais, en définitive, le principal mérite de cette expérience aura été d’améliorer ma connaissance de ce genre complexe, de mesurer l’importance des incertitudes et des lacunes qui subsistent dans leur étude et par conséquent de considérer avec beaucoup d’humilité et de respect les efforts de recherche que les authentiques spécialistes poursuivent en laboratoire et sur le terrain.

L’étude des Gymnocalycium est enrichissante et stimulante pour l’esprit. On ne saurait trop la recommander aux collègues amateurs de cactées.

4         NOTES

(1) Pour une vue complète du genre Gymnocalycium, on relira au préalable avec profit l’article publié par PIERRE FONTAINE dans les N°2 et 3 de 1999 de la revue de l’AIAPS : «SUCCULENTES».

(2) GYMNOCALYCIUM de JOHN PILBEAM (édition 1995) un ouvrage de référence pour les amateurs, mais que la dernière «Check list» de la CITES conduira peut être à réviser.

(3) CACTUS D’ARGENTINE de JACQUES LAMBERT (1ère édition 1993) ne concerne que les Gymnos de ce pays, mais la description des plantes est complète et très précise.

5         ANNEXE

5.1        CARACTÉRISTIQUES DE LA POPULATION ÉTUDIÉE

La collection de Gymnos comporte plus de 200 plantes, dont 163 ont fleuri en l’an 2000. Cette petite collection est assez jeune. Elle a été formée en deux temps. Pendant la période 1980-1985, suivie d’une pause pendant laquelle un collègue bien informé m’a appris la culture correcte de ces plantes. A partir de 1990 j’ai commencé à m’intéresser à nouveau aux Gymnos. Grosso modo, parmi les 163 plantes, 63 ont plus de 10 ans d’âge et 100 moins de 10 ans, 30 plantes ayant 5 ans au plus. Les quelques 40 plantes n’ayant pas fleuri sont en grande majorité de très jeunes Gymnos achetés récemment.

La collection est installée dans une serre orientée sud-nord, sur un bac de cinquante centimètres de largeur et de cinq mètres de longueur, placé à vingt centimètres au dessus du sol. A un mètre au dessus de ce bac, existe un deuxième rayonnage de même dimension. Les Gymnos ne reçoivent donc pas de soleil direct au milieu de la journée, soit, à la belle saison, entre onze heures et quatorze ou quinze heures.

Parmi les 163 plantes objet de l’étude, figurent 78 des 87 espèces admises comme telles par John PILBEAM dans son ouvrage «GYMNOCALYCIUM». Manquent dans l’échantillon, soit qu’elles ne figurent pas dans la collection, soit qu’elles n’aient pas fleuri cette année, les neuf espèces suivantes : Accorugatum, Alboareolatum, Borthii, Melanocarpum, Obductum, Occultum, Rauschii, Schuetzianum, Spegazzini, (2). L’échantillon comprend d’autre part sept plantes identifiées par les numéros de terrain (field numbers) de collecteurs, plusieurs hybrides reconnus ou supposés et quelques «nomen nudum». La même espèce ou ses variétés peut être représentée par plusieurs spécimens.

En théorie, cet échantillon peut paraître assez complet et donc représentatif du genre. En fait les plantes sont toutes issues de semis européens et ne présentent à priori aucune garantie quant à l’origine géographique précise de leurs ancêtres. A cette incertitude s’ajoutent celles tenant aux risques d’hybridation (les Gymnos sont en général auto-incompatibles, mais en revanche ils hybrident facilement), ainsi qu’aux erreurs d’identification des fournisseurs. D’autre part, pour éluder la question des aléas de la nomenclature des espèces de Gymnos, on a adopté dans l’article les positions de J. PILBEAM dans son ouvrage «les Gymnocalycium». L’auteur suit de près la liste de la CITES 1992, soit 80 noms d’espèces auxquels il ajoute 8 noms. (1)

5.2        NOTATION DES FLORAISONS. ÉLÉMENTS STATISTIQUES.

Les floraisons de chaque plante ont été repérées et notées jour après jour. Un fichier a été constitué. Il comporte pour chaque plante diverses données et notamment un «compteur décadaire». Celui-ci permet de connaître la décade durant laquelle la plante a fleuri pour la première fois, ainsi que la ou les autres décades lors desquelles une autre floraison a été constatée.

5.2.1       Statistique N°1 : PREMIERES FLORAISONS

Il s’agit de la répartition par décade du nombre de plantes ayant émis, pour la première fois de l’année, une ou plusieurs fleurs.

Mois

1ère décade

2ème décade

3ème décade

Total mensuel

% du total général

Avril

7

7

14

28

17%

Mai

55

28

22

105

65%

Juin

14

5

4

23

14%

Juillet

3

2

2

7

4%

 

 

 

 

163

100%

 

5.2.2       Statistique N°2 : FLORAISONS ANNUELLES

Il s’agit de la répartition du nombre de plantes ayant produit une ou plusieurs fleurs au cours de chaque décade de la période considérée (début avril/fin septembre). Si une plante est en fleur durant au moins une journée d’une décade déterminée, elle est notée 1 au titre de cette décade. Si une plante est encore en fleur lors du passage à une nouvelle décade, elle est également notée 1 au titre de celle-ci.

Mois

1ère décade

2ème décade

3ème décade

Total mensuel

% du total général

Avril

7

13

18

38

6,7%

Mai

68

71

58

197

35%

Juin

53

49

30

132

23,5%

Juillet

33

43

33

109

19,3%

Août

21

20

18

59

10,5%

Septembre

15

9

5

29

5%

 

 

 

 

 

100%

 

5.2.3       Statistique N°3 : FRÉQUENCE DES FLORAISONS

Il s’agit de la répartition des 163 plantes en fonction du nombre de décades durant lesquelles elles ont produit une ou plusieurs fleurs.

Nombre de Décades

Nombre de plantes

Nombre de Décades

Nombre de plantes

1

30

7

6

2

49

8

5

3

21

9

4

4

22

10

2

5

13

11

2

6

8

12

1

5.3        NOTES :

(1) Une nouvelle liste de noms d’espèces a été publiée par la CITES en 1999. Pour les Gymnos elle apporte d’importantes modifications par rapport à la liste précédente : nombreux regroupements de noms, désormais considérés comme des synonymes ; création de 21 sous-espèces mais disparition des noms de variétés et de formes ; résurgence d’anciens noms d’espèces tombés dans l’oubli, etc. Mais ce toilettage radical n’aboutit qu’à la validation de 42 noms d’espèces, soit seulement 5 de plus qu’en 1992. Restent 28 noms «acceptés provisoirement» ; à trois exceptions près, tous les noms des nouvelles sous-espèces appartiennent à cette catégorie «provisoire».

(2) La liste CITES de 1999 n’admet comme valide qu’un seul de ces neuf noms (Spegazzini). Quatre autres sont ignorés ou considérés comme synonymes d’autres espèces (Accorugatum, Alboareolatum, Melanocarpum, Schuetzianum). Trois noms sont «acceptés provisoirement» (Borthii, Obductum, Rauschii). Occultum devient une sous-espèce «acceptée provisoirement» de Stellatum.

 

Document réalisé par René ROUSTIDE,

Membre de la Société Succulentophile Francilienne

Pour la revue Obregonia numéro 18, parue en novembre 2000

 

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