La culture des épiphyllum hybrides est assez simple pourvu que l'on n'oublie pas leur origine : issus de plantes de forêts tropicales pluvieuses, leurs exigences diffèrent complètement de celles des cactées de régions désertiques. D'où quelques principes généraux à respecter.
Ils doivent être placés en exposition semi-ombragée. En aucun cas ils ne doivent être exposés au soleil zénithal direct qui causerait de graves brûlures.
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La température idéale se situe vers 20° Celsius en cours de végétation et vers 8°-10° C pendant la période de repos; ils supportent toutefois une température nettement supérieure s'ils sont correctement ombragés et humidifiés. De même, pendant la période de repos, et pourvu qu'ils soient maintenus au sec, ils pourront supporter des températures plus faibles, au moins temporairement. | ||||||||||
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Le compost doit rester humide, sans jamais être
sursaturé d'eau. Pour cela il doit être suffisamment
grossier et bien drainé. J'emploie le mélange suivant,
inspiré de ceux préconisés par les horticulteurs
californiens:
On peut bien sûr employer d'autres composts. L'essentiel est qu'ils soient légèrement acides, suffisamment riches, de texture grossière et bien drainés. | ||||||||||
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L'arrosage doit tenir compte du cycle végétatif,
caractérisé par deux poussées distinctes : au
printemps pour la floraison, en automne pour la formation
des nouveaux rameaux. Abondant pendant les périodes de
pousse, sans pour autant détremper le compost, il sera
un peu réduit dans la quinzaine suivant la floraison et
fortement réduit pendant le repos hivernal pour tendre
simplement à éviter un complet dessèchement de la
motte - et des racines - et que les tiges ne se rident
pas (en principe, de novembre à février, à 8-10°C, un
arrosage bi-mensuel modéré suffit). En été, la brumisation - ou mieux, l'exposition à la pluie - sont bénéfiques. Je mettais jadis mes plantes en plein air, l'été le long d'un mur ombragé par de vieux tilleuls, jusqu'à ce jour de juin 1988 où un violent orage de grêle m'a fait comprendre que le plein air comportait ses dangers. Je les abrite maintenant dans une "ombrière" réalisée en couvrant horizontalement le dessus et verticalement une des parois d'un chenil désaffecté, d'un coupe-vent en plastique ajouré "Nortène" qui les abrite efficacement du soleil, du vent, de la grêle (et des combats de chats) tout en laissant passer air, lumière et pluie. | ||||||||||
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Fertilisation : toujours en accord avec le cycle
végétatif, elle prendra deux formes:
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Contenants : les racines des épiphyllum hybrides étant généralement superficielles (étalées), les pots les mieux adaptés à leur culture sont des pots plus larges que haut (genre pots à chrysanthèmes , O 19, H 14 ou O 21, H 15). Je préfère les pots en terre cuite, perméables et plus lourds (donc plus stables) aux pots en plastique (d'emploi plus professionnel : gardant mieux l'humidité, ils demandent moins d'arrosage). Pour les plantes fortes et très fortes, on trouve dans le commerce des poteries cylindriques basses, en terre cuite, parfaites sous ce rapport (moins sous celui du prix !). Je n'utilise les pots plastique que pour les boutures, pendant la première année de leur développement : je pense qu'ils conviennent aussi pour des épiphyllum cultivés en suspension (bonne formule pour les variétés à tiges souples, retombantes). | ||||||||||
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Le rempotage des jeunes plantes peut se faire chaque
année, au printemps, dans un pot adapté à leur
développement (jamais trop grand, cela pourrait,
combiné avec un excès d'arrosage, entraîner la perte
des racines). Après rempotage, attendre 8 jours pour
arroser et ne faire, pendant 3 à 4 semaines, que des
arrosages légers, avant de reprendre les arrosages
normaux. Les plantes adultes se contentent d'un rempotage tous les 4-5 ans effectué un mois après la floraison, avec les mêmes précautions d'arrosage que dans le cas précédent. | ||||||||||
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Hivernage : se fait de préférence en serre à
8°-10°C, à défaut, dans une pièce fraîche et bien
éclairée ou un sous-sol offrant plus ou moins les
mêmes conditions. Le grand hybrideur allemand, Curt KNEBEL, estimait qu'ils pouvaient à la rigueur être stockés, enveloppés dans du papier journal, dans une cave à l'abri du gel. C'est sûrement exact, certainement pas idéal, et les risques d'accident au redémarrage printanier tout à fait certains! Les miens passent l'hiver dans le bas de ma serre à 8°-10°C, de fin octobre à fin février, puis 15°-20°C en mars-avril, et dès que la température le permet, placés à l'extérieur, dans l'ombrière, jusqu'à fin septembre, début octobre. | ||||||||||
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Parasites, maladies : les épiphyllum hybrides n'ont pas
de parasites spécifiques; ils peuvent être sujet, comme
toutes les cactées, aux attaques des cochenilles et des
poux des racines. Les traitements habituels aux autres
cactées conviennent. Ils sont par contre - inégalement selon les variétés - sujets aux atteintes de maladies cryptogamiques qui se manifestent par l'apparition de taches noires ou transparentes sur les articles, qui, au stade final de leur évolution, percent littéralement les rameaux. A titre préventif, je traite régulièrement mes plantes par pulvérisations alternées de Benlate et Peltar, deux fongicides systémiques. Faute de quoi, à titre curatif, mieux vaut couper les tiges atteintes, traiter les plantes comme indiqué ci-dessus, et arroser le compost avec une solution de Cryptonol liquide (dosé à 2cm3 pour 1 litre d'eau) et supprimer momentanément tout apport d'engrais azoté. Certes on trouve un peu partout, jusque dans nos campagnes, des potées d'épiphyllum X Ackermannii, Coopérii ou Pfersdorfii qui prospèrent dans des conditions de rusticité fort éloignées de ce qui précède. Et j'ai le souvenir d'un épiphyllum X Ackermannii planté sans trop d'égard dans un pot empli de terre de jardin, laissé sans soins dans un coin d'immeuble en juin 40, et retrouvé ridé, rougi par le soleil, mais littéralement couvert de fleurs trois mois plus tard ! Mais c'est qu'il s'agit d'hybrides primaires particulièrement robustes et devenus, en 150 ans, totalement acclimatés. L'envers de la splendeur sophistiquée des obtentions modernes, souvent issues d'hybridations multiples, c'est parfois une relative fragilité. A nous de leur accorder l'attention et les soins qu'ils requièrent. | ||||||||||
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Multiplication : la seule façon d'obtenir des rejetons identiques au pied mère est le bouturage. Pour obtenir de bons résultats, il faut prélever des rameaux forts, parfaitement sains et ne pas les laisser fleurir la première année. |
Le semis, outre qu'il donne des résultats imprévisibles, exige une très grande patience: il faut 6 à 8 ans pour obtenir une plante apte à fleurir.
Quant à l'hybridation, pour un amateur, ce ne peut être
qu'un amusement qui exige, outre patience, beaucoup de place.
J'en parle maintenant en connaissance de cause et vous avez pu en
apprécier (et juger) le résultat lors de ma conférence.
Jean DELEFOSSE
membre de la Société Succulentophile de l'Est Francilien
(S.S.F.)
16 rue Charles Pathé
94300 VINCENNES, FRANCE