LES ALOES DE GRANDE TAILLE

Après avoir traité les petites espèces d’Aloe (voir les articles précédents) nous allons nous pencher sur les grosses espèces.
Ces plantes atteignent de grandes tailles (jusqu’à plus de 15 mètres pour un Aloe barberae) et sont plus ou moins ramifiées avec de gros
troncs (plus de 1m de diamètre pour un dichotoma ) et des floraisons qui prennent souvent de nombreuses années pour se produire (les
plantes mettant plus de temps pour être adultes).
Il est évident que la culture de ces variétés sous nos latitudes demande de grands espaces. Il faut donc utiliser la pleine terre pour
obtenir un bon développement et avoir la chance de vivre sous des cieux cléments (du point de vue températures dont les minimums
doivent avoisiner 0°C) ou avoir une grande serre.
Toutefois en les cultivant dans de grands pots on peut obtenir de belles plantes en quelques années (des “super bonsai” en quelque
sorte).
Ce sont des plantes qui ne demandent en général pas de soins particulier hormis un mélange terreux très drainant (à cause surtout des racines qui envahissent assez rapidement un pot même s’il est de bonne taille et sont sensibles aux excès d’eau ).
Pour les rempotages il est surtout important d’éliminer les racines mortes et de ne pas toucher aux saines.
Passons d’abord en revue les espèces géantes d’Afrique du Sud Aloe barberae le plus grand de tous est un véritable arbre de plus de 15 m
de haut . Il pousse dans les zones côtières et craint donc le froid. Sa culture ne pose pas de problèmes particuliers si ce n’est sa taille. En pot il végète  mais en pleine terre il devient vite envahissant et prend des proportions qui nous inquiètent même si l’on a une serre assez grande. La bonne solution pourrait être la culture en terre jusqu’à ce qu’il atteigne une taille raisonnable (1,5 à 2 m) puis la mise en pot Aloe pillansii : un Aloe mythique qui pousse à la frontière Nord dans le Richterveld et déborde en Namibie. Son tronc énorme d’où émergent  des branches  peu nombreuses terminées par de grosses rosettes domine le paysage désertique de cette région où il ne tombe que 40mm de pluie par an (compensé il est vrai par des brouillards fréquents).
Cette espèce est menacée par cette infime pluviométrie, pas de renouvellement et mort des vieux exemplaires (en n’oubliant pas la
collecte et l’effet des mines diamantifères avec les poussières dégagées par ces montagnes de gravats).
La culture est assez délicate, il faut un terreau hyper drainant  et surtout trouver le bon rythme d’arrosage pour éviter la pourriture des racines tout en ayant une pousse normale.

C’est une plante que j’ai essayé en pleine terre dans un mélange hyper drainant  et les résultats sont assez spectaculaires : 30 cm par an . Aloe dichotoma son aire de répartition est aussi dans le Nord et en Namibie mais c’est une espèce qui pousse en grand nombre (j’en ai vu de véritables forêts ). Il est assez variable de port allant du sosie de l’Aloe pillansii (port élancé ) jusqu’à des formes compactes qui ne font que 2,5m de haut avec un tronc d’un mètre de diamètre .La moyenne est de 4 à 5 mètres de haut avec un tronc de 2,5 de haut et des branches assez nombreuses . La culture ne pose pas de problèmes majeur si l’on met un terreau très drainant et un pot assez grand pour que les racines
soient à leur aise Aloe ramosissima c’est une variation acaule du dichotoma qui forme des touffes énormes (jusqu’à 4 mètres de diamètre ) dans le Richterveld et en Namibie.
Il arrive d’ailleurs qu’il y ait un problème de détermination lorsque l’on se trouve devant une plante ayant un tronc court et énormément de branches dichotoma “court sur patte” ou ramosissima sur pied.Aloe ferox surement le plus répandu des grands Aloes Il est des endroits ou ils sont tellement serrés qu’il est difficile de trouver un passage.  Il est à noter que la plante est usitée en Afrique du Sud pour ses vertus thérapeutiques au même titre que nous utilisons l’Aloe vera La plante est une rosette poussant sur un tronc et peu atteindre 5 m de haut.
Culture très facileAloe marlothii Le port et l’aspect général sont assez semblables à celui du ferox.
La différenciation se fait au niveau de la floraison la hampe florale est dressée pour le ferox alors que les racèmes sont horizontaux pour marlothii Aloe specioca il forme sur des flancs de collines des populations compactes de plantes ramifiées de la base pouvant atteindre 5 m de haut. Sa remarquable fleur  est une des plus belles du genre avec une hampe florale de 40 à 50 cm composée de fleurs blanches serrées les unes contre les autres Aloe Pluridens un habitat et un port assez semblables au speciosa mais les plantes sont plus hautes (6m) et les rosettes sont vertes (bleues pour le speciosa).
    Pour ces deux dernières espèces la culture est facile Le speciosa est une des espèces les plus rustiques (ici sur la cote j’en connais qui ont supporté des -8°C sans aucun dégâts même pas le bout des feuilles ).
J’en oublie certainement tels que khamiesensis, africana, angelica, arborescens ou striatula qui arrivent à des tailles respectables de plusieurs mètres aussi bien en hauteur qu’en largeur.

Passons maintenant aux espèces malgaches  qui n’ont rien à envier aux Sud-africaines.
A noter que mis à part suzannae qui ramifie parcimonieusement toutes ces grandes espèces sont solitaires Aloe suzannae une autre espèce mythique comme le pillansii.
Cette espèce très grande (j’en ai vu un exemplaire de 7 métres de haut ) poussant dans le sud malgache entre Tuléar et Fort-Dauphin. Elle est très rare dans l’habitat et en danger à cause de la déforestation et du bétail qui empêchent le renouvellement La hampe florale solitaire est  à ma connaissance la plus grande du genre dépassant les 3 mètres de haut et couverte de fleurs qui s’ouvrent (ce qui est une des particularité de beaucoup d’espèces malgaches alors que la normalité du genre est la fleur en tube).
La culture est délicate sinon très difficile en pot Le meilleur résultat sera en pleine terre ou la plante pourra se développer pleinement avec ses feuilles presque cylindriques Aloe helenae Il pousse dans la région de Fort-Dauphin ou il arrive à des hauteurs de 6m où ses rosettes de feuilles pendantes émergent des taillis.
Ses fleurs splendides sont jaunes et s’ouvrent comme pour suzannae Aloe vaombe. Il est présent dans tout le sud de Tuléar à Ambovombe ou il pousse dans les forêts d’Alluaudias La hampe florale dressée domine une rosette qui peut arriver à une hauteur de 5 m Les feuilles sont vertes et brillantes. La culture ne pose pas de problème particulier si ce n’est la pleine terre ou la plante devient très vite envahissante avec des feuilles de 1m de long et une rosette très évasée Aloe vaotsanda Mêmes habitat et dimensions que vaombe mais située plus au Sud-est. La différenciation se fait par les feuilles bleues et une inflorescence curieuse composée de hampes nombreuses qui partent latéralement et couvertes de fleurs minuscules pour une si grande espèce On trouve rarement des graines de vaotsanda dans le commerce Aloe capitata var cipolinicola. Cette espèce qui pousse sur les hauts plateaux aux environs d’Ambatofinandrahana forme des forêts assez denses. Son nom vient du fait qu’il ne pousse que sur du cipolin (marbre).
Elle atteint plus de 4m de haut Ses principales caractéristiques sont des feuilles assez courtes et nombreuses autour d’une rosette compacte. De cette rosette jaillissent des hampes florales avec au sommet des amas très compacts de fleurs jaunes qui forment des “pompons”  faisant penser à des capitules qui caractérisent le capitata Culture facile et assez lente en n’oubliant pas d’incorporer du calcaire au terreau.
     Enfin pour terminer cet article j’évoquerai une plante “hors normes “l’Aloe macroclada .A mon avis il peut rentrer dans cette catégorie des grands Aloes par sa taille qui peut atteindre plus de 2 m de diamètre et pas par sa hauteur puisqu’il est acaule ). C’est une plante des hauts plateaux ou il pousse dans les prairies. Sa hampe florale plaide aussi pour son rangement dans cette catégorie, presque 3 m de haut avec des fleurs serrées les unes contre les autres qui s’ouvrent largement.
Culture assez délicate due à mon avis au fait que cette plante pousse dans de la latérite sol assez curieux que l’on arrive difficilement à imiter sous nos latitudes.


Ph. RICHAUD

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